Environnement
Les pesticides: quel effet sur notre santé?
Par ns_conseil | Le 2017-10-08 | Dans Environnement
Les pesticides, qu’est-ce que c’est et quel impact sur notre santé ?
Définition
Un pesticide est une substance chimique utilisée pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles. C'est un terme générique qui rassemble les insecticides, les fongicides, les herbicides, les parasiticides.
Les pesticides font partie des biocides. Les biocides incluent les produits dits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques. Ils incluent aussi des produits qui soignent les animaux ou l'homme (antiparasitaires externes ou internes par exemple). Ils peuvent désigner des molécules actives seules, ou des formulations associant plusieurs molécules ou des molécules actives et additifs (surfactants par exemple).
Chaque groupe chimique produit des métabolites au sein des organismes vivants ou des résidus en se dégradant spontanément. Ces résidus ou métabolites sont plus ou moins dégradables et susceptibles d'être retrouvé comme polluants de l'environnement ou contaminants de la nourriture ou de la boisson.
La réglementation
L’Union européenne, et notamment la France, se sont engagées dans un processus de réduction de l’emploi de pesticides dans l’agriculture. En France, un plan interministériel de réduction des risques liés aux pesticides a été mis en place en juin 2006 et le Grenelle de l’environnement a confirmé les orientations de ce plan en prenant plusieurs engagements. Parmi ceux-ci:
- la réduction de moitié, à l’horizon de 10 ans, si possible, de l’emploi de pesticides de synthèse (plan ECOPHYTO 2018).
- le passage en agriculture biologique à 6 % de la SAU (Surface Agricole Utile) en 2010, en visant 20 %en 2020.
Dès 2008, plusieurs mesures ont déjà été prises, notamment l’interdiction de 30 produits jugés les plus toxiques, l’instauration d’une taxe sur les phytosanitaires, croissante avec leur niveau de toxicité, taxe qui devrait augmenter au fil des années et l’octroi de crédits d’impôt en faveur de l’agriculture biologique.
Des pesticides dans nos aliments
Selon le Pr Jean-François Narbonne, toxicologue et chercheur au CNRS, les pesticides et en particulier ceux qui sont mis en aérosol (utilisés notamment en arboriculture) vont contaminer les sols et éventuellement les nappes phréatiques. Ces pesticides exposent les agriculteurs s'ils n'ont pas leurs équipements individuels de protection. En ville, il y a des taux de pesticides dans l'atmosphère et il y a par l'eau de pluie des produits atmosphériques qui se précipitent au sol. Dans les lacs de montagne, on trouve également des traces de pesticides qui ont été amenées par la neige ou les précipitations atmosphériques. Les nuages de pesticides se déplacent en fonction des vents comme la pollution atmosphérique des villes se déplace à la campagne.
Selon l'InVS (Institut de Veille Sanitaire) , d'après les analyses faites en 2006-2007 chez 3 100 personnes dans le cadre du programme national nutrition santé (PNNS), le sang d'un Français moyen contient presque toujours des pesticides organophosphorés et trois fois plus de certains pesticides (pyréthrinoïdes, paradichlorobenzène) que celui des Américains ou des Allemands, alors que leur taux sanguin de métaux lourds et de pesticides organochlorés est comparable aux concentrations observées à l’étranger.
Une étude analysant les menus d'un enfant de 10 ans révèle que les aliments ingérés en une journée contiennent pas moins de 128 résidus chimiques.
C'est l'association Générations futures qui a relancé le sujet en décembre 2010, en faisant analyser en laboratoire tous les aliments qui entrent dans la composition des repas d'un enfant de 10 ans. Et ce n'est pas rassurant pour les parents...
Fongicides, insecticides, herbicides… Les pesticides sont utilisés en agriculture pour lutter contre les organismes nuisibles aux cultures. Résultat : des résidus de pesticides sont présents dans les fruits et légumes que nous mangeons tous les jours. De quoi préoccuper les consommateurs. Selon François Veillerette, porte-parole de l'Association Générations futures, on va trouver plus fréquemment des pesticides sur les légumes feuilles, comme les salades, sur le persil, sur les haricots verts… Sur tout ce qui est en surface et sur lequel on va pulvériser les fongicides. On va aussi en trouver plus fréquemment sur les poires, sur les fraises, les pêches, les nectarines, les framboises et sur les pommes, qui est également le fruits le plus consommé en France.
Les effets des pesticides sur notre santé
Ces produits chimiques seraient responsables de nombreuses affections qui vont des cancers à l'infertilité ou la maladie d'Alzheimer...
Dans les laboratoires de l'Inra, des chercheurs tentent de répondre à la question de l’impact des pesticides sur notre santé. Plusieurs années d'études ont permis aux chercheurs de l'Inra de démontrer que chaque molécule prise séparément n'a pas ou peu d'effet toxique sur les cellules, alors que mélangées à faible dose (effet cocktail ou effet mélange), on constate un effet sur l'endommagement de l'ADN et la toxicité.
Un endommagement de l'ADN peut être réparé correctement. Mais en cas de problème lors de la réparation de cet endommagement, il peut y avoir apparition de mutations dans la cellule et donc à plus long terme avoir un effet cancérigène du produit. Dans cette expérience, les cellules ont toutefois été exposées à des doses de pesticides bien supérieures à celles que l'on retrouve dans notre alimentation. Pour cette raison, les toxicologues relativisent l'impact de cet effet cocktail sur notre santé. Exposé à faible dose aux pesticides, notre ADN serait donc préservé.
Les autorités de santé estiment que notre exposition alimentaire aux pesticides est trop faible pour être nocive. Mais aujourd'hui seule la toxicité de chaque molécule est prise en compte. L'effet cocktail lui n'intervient pas dans l'évaluation des doses journalières tolérables.
Selon François Veillerette, porte-parole de l'Association Générations futures, les quantités que l'on retrouve peuvent paraître faibles, mais à comparer avec les niveaux que l'on accepte dans l'eau, c'est beaucoup plus. Ce qui inquiète beaucoup, c'est une catégorie de ces pesticides qu'on appelle perturbateurs endocriniens, c'est-à-dire qui peuvent interférer avec le système hormonal et perturber son fonctionnement et qui peut agir à des doses très faibles. D'autant plus qu'on n'a pas une seule molécule à la fois mais on va trouver un cocktail de ces molécules. Et cela pose des questions spécifiques sur les perturbateurs endocriniens où les doses limites censées garantir une absence d'effets ne sont plus pertinentes parce qu'on sait que la femme enceinte et le foetus sont particulièrement sensibles à ce produit même à faibles doses.
On trouve encore des vieux pesticides interdits depuis 30 ans parce que ce sont des produits persistants. Il y a donc ces contaminants qui sont dans notre alimentation, mais ils sont à des doses beaucoup plus faibles. Il faut savoir que sur 1 300 molécules qu'il y avait dans les années 1970, on est plus qu'à 300 molécules actives aujourd'hui. Donc il y a eu énormément de choses qui ont été faites.
Certains pesticides seraient aussi cancérigènes et toxiques pour le système nerveux. Il existe bien une réglementation à l'échelle européenne : les LMR, les limites maximales de résidus de pesticides autorisées. Chaque pays est tenu d'effectuer des contrôles mais ils sont souvent insuffisants.
Alors que faire ?
Le Pr Jean-François Narbonne, toxicologue et chercheur au CNRS, conseille d’éplucher les fruits et les légumes, mais explique que les laver n'a pas beaucoup d'intérêt car souvent les pesticides sont mis dans des mélanges hydrophobes sinon ils seraient entraînés dans l'eau de pluie très facilement. On les met donc dans des préparations qui leur permet de passer les membranes et d'être hydrophobes. Laver fruits et légumes n'a donc pas d'impact, ni d'intérêt.
François Veillerette, porte-parole de l'Association Générations futures, conseille de peler les fruits pelables comme l'orange ou les bananes, car les pesticides se trouvent en majorité dans la peau et on peut donc, en épluchant les fruits, éliminer une grosse partie des pesticides. Il conseille également de privilégier le bio d'abord sur les fruits que l'on ne peut pas peler ou qui vaut mieux ne pas peler pour garder les vitamines, comme la pomme, la poire, la pêche, la framboise, le raisin… Pour ces fruits, il est préférable de prendre du bio car on bénéficie de l'absence de résidus de pesticides et on garde tout ce qui est positif dans la peau des fruits.
Autre conseil pour éviter d'ingérer trop de pesticides : privilégier les fruits et légumes de saison, si possible de provenance locale.
Pierre Souvet, président de l'Association Santé Environnement de France (ASEF) et le Pr. Jean-François Narbonne, toxicologue expliquent que le bio diminue l'exposition aux pesticides d'un facteur de 6 à 9. Le côté positif du bio est la diminution très marquée des résidus de pesticides. Le problème du bio est qu'il est cher et que la majorité des gens ne peuvent pas se le payer.
Alors :
- Il vaut mieux cuire à la vapeur, mais il ne faut pas tomber dans l'excès et le mieux est toujours de manger équilibré.
- Il ne faut pas éliminer d'aliments de notre alimentation à part peut être les poissons de fin de chaîne. Les poissons d'élevages contrôlés, sont moins pollués que les poissons de mer car aujourd'hui comme on contrôle l'alimentation des poissons, on a en moyenne de meilleurs résultats en terme de pollution sur les poissons d'élevages mais de qualité label.
- Il faut manger des fruits et des légumes de saison.
Nadine BOLDING-STOUTEN, diététicienne-nutritionniste
Bibliographie
- L’utilisation des pesticides en France : état des lieux et perspectives de réduction ; agriculture.gouv.fr ; 12/01/2012
- Alimentation : nos assiettes sont-elles toxiques ? – Par La rédaction d'Allodocteurs.fr - 05-01-2011
- Combien de pesticides dans nos assiettes ? - LE MONDE – 20/12/2012 - Mis à jour le 21/12/2012 - Stéphane Foucart
- Alimentation et pollution : que manger sans risque ? Alors que faut-il manger ? Par La rédaction d'Allodocteurs.fr Rédigé le 05/01/2011, mis à jour le 06/01/2011
Alimentation et pollution : du bio garanti de qualité ? Le bio est-il garanti sans pesticides et autres substances nuisibles ? Par La rédaction d'Allodocteurs.fr Rédigé le 05/01/2011, m